Interview : Caroline Cor, adjointe au maire déléguée à l’action sociale et à l’accès aux droits sociaux.

Propos recueillis par Isabelle Fruchard

Dossier n°492

A la cantine, un agent de restauration sert du lait, des fruits à un enfant de maternelle

Dernière mise à jour : 29 janvier 2024

Pour quelles raisons la ville a-t-elle souhaité s’engager dans cette nouvelle alliance nanterrienne pour une alimentation durable et de qualité ?

Caroline Cor : En juin dernier, nous avons répondu à un appel à projets du Gouvernement qui est arrivé au bon moment. En effet, le CCAS [centre communal d’action sociale] a pu s’appuyer sur son expérience de coordination des acteurs de l’aide alimentaire pour leur proposer de mettre en place des dispositifs favorisant le Mieux manger pour tous. L’enjeu est de diversifier les accès à une alimentation saine et durable, et de mettre celle-ci à la portée des plus précaires. Pour y parvenir, nous nous appuyons sur trois axes : le renforcement de la part de fruits frais, de légumes et de légumineuses dans les aliments distribués ; l’organisation d’ateliers pour apprendre à cuisiner ces produits ; la mise à disposition de chèques verts pour acheter, à moindre coût, des produits sains et durables.

 

Est-ce là une nouvelle direction donnée à la politique d’aide alimentaire menée par la ville ?

C. C. : La ville est engagée dans l’aide alimentaire depuis très longtemps – dès le début des années 1980 et avant l’implantation des Restos du cœur –, car les besoins sont énormes. Mais la distribution de colis alimentaires a vite trouvé ses limites par manque d’effectifs. En 2011, nous avons donc passé une convention avec les Restos du cœur afin que les familles dont le barème dépasse celui des Restos du cœur puissent tout de même bénéficier de ses distributions. En 2015, un questionnaire diffusé par le CCAS dans le cadre de l’analyse des besoins sociaux a montré qu’un tiers des personnes interrogées ne souhaitaient pas se rendre à des distributions alimentaires alors qu’elles en auraient besoin, par sentiment de honte ou parce qu’elles considèrent que d’autres en ont plus besoin qu’elles. Il nous est donc apparu comme primordial de diversifier les modes d’accès à l’aide alimentaire et également de donner accès à des produits sains. C’est sur la base de ce constat, et d’un partenariat entre le CCAS et plusieurs associations, que l’idée de l’épicerie sociale et solidaire a germée. Nous avons souhaité ensuite aller plus loin avec la création en 2023 d’un Vrac [Vers un réseau d’achat en commun] Seine-ouest regroupant plusieurs villes, dont Nanterre. C’est un système de commandes groupées de produits bio en circuits courts à des prix accessibles pour les locataires de logements sociaux, avec une distribution mensuelle en pied d’immeuble. Dans notre ville, elle a lieu au centre social et culturel La Traverse (lire p. 9 du Nanterre info n° 491, janvier 2024). 

Les dimensions de transition écologique et de santé publique entrent donc pleinement dans cette nouvelle alliance ?

C. C. : Absolument. Dès lors que la ville joue un rôle dans le choix des produits, notre démarche est de rechercher, autant que possible, des producteurs d’Île-de-France ayant une démarche d’agriculture raisonnée et de leur permettre de vivre de leur métier. Pour la santé des Nanterriennes et des Nanterriens, nous voulons lutter contre le recours aux plats industriels aux prix d’appel souvent bas, et contre les mauvaises habitudes alimentaires aux conséquences catastrophiques en matière de diabète et d’obésité, par exemple. Les ateliers cuisine que les associations partenaires organisent permettent d’apprendre à préparer les produits frais tout en limitant son budget. Sans compter qu’ils favorisent la mixité et le lien social, des valeurs chères à Nanterre. Nous voulons redonner à chacun et à chacune le pouvoir d’agir, d’être acteur de son parcours alimentaire et de santé.